CHEDA
Née à Angers le 20 mai 1935
CHEDA : UNE PUISSANTE DISCIPLINE
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage...
Il pensait justement, le poète, en voyant dans les périples aventureux du héros mythique, une source riche d’enseignements quant à la connaissance du monde qui nous entoure. Certes, de ses séjours en terre africaine et asiatique, CHEDA n’y aura pas conquis la toison d’or, mais gagné une richesse faite d’expériences, de contacts humains et culturels, de sujets enfin, par quoi désormais allait se renouveler sa vision d’artiste sur les êtres et les choses. Cependant, tout de cette nature luxuriante, de cette lumière intense, de ces contrastes violemment affirmés, de ce pittoresque haut en couleur, dissimulait le piège du cliché exotique à usage d’agences touristiques. CHEDA n’y est point tombée pour avoir su faire une synthèse de ces nouveaux apports et des leçons de l’art occidental dont elle se tenait pour l’héritière spirituelle : structuration de l’espace pictural, distribution de valeurs froides/chaudes, etc… le résultat ? Ces femmes en leur attitude hiératique cernée d’un large trait sensible, une jarre en équilibre sur la tête alors que – pouvoir suggestif de la couleur – une dominante jaune laisse deviner l’implacable ardeur du soleil au zénith « Retour au marché », et encore celles-ci qui, traitées en trois valeurs (brun-bleu-blanc) participant d’un saisissant effet ombre-lumière « Marché au Sénégal ». Puis, surprise : « Angers la cité », cette délicate harmonie toute de nuances chromatiques bleus, ocres et blancs maculés. C’est que CHEDA traduit en cela l’atmosphère de cette « douceur angevine » chère au délicat poète Joachim du Bellay. On ne saurait passer sous silence une autre facette de ce beau talent, à savoir, les vigoureuses natures mortes dans lesquelles CHEDA atteste de sa science d’ordonnatrice de l’espace tant par la distribution des éléments que valorise la richesse du coloris.
Texte de Jacques Dubois
Editions du Chène Vert Paris
Grandes Signatures Contemporaines 2001